L’Afrique offre sans conteste au monde les textiles les plus somptueux. Grâce à un savoir-faire ancestral et un art méticuleux, les tissus du peuple noir ont su se démarquer sur la scène internationale. Aujourd’hui, nous allons à la rencontre d’un des textiles les plus emblématiques du monde et de l’Afrique : le raphia Kuba.

Histoire et origine du raphia Kuba
Cela fait déjà plusieurs siècles que les Kubas de RDC conçoivent et fabriquent à la main leur célèbre tissu. Arrivé au Congo au XVIe siècle et entre les XVIIe et XXe siècles, le royaume Kuba a été l’une des sociétés les plus étendues et les plus puissantes d’Afrique. On l’appelle également Royaume des Bakuba ou Bushongo.
Le tissage est d’une importance primordiale pour les Bakuba. C’est pourquoi, ce savoir-faire, ils le transmettent de génération en génération. Pour le peuple centenaire, le Kuba représente la tenue de base de la royauté. Il exprime le statut de richesse, la hiérarchie et le ressenti personnel de celui qui le porte.
À l’origine, les dirigeants enveloppent le Kuba autour de leur taille lors de fêtes rituelles et de spectacles. Le matériau principal utilisé dans la fabrication du tissu est une fibre extraite du palmier raphia. Considérée comme un vêtement unisexe, le Kuba se fixe avec une ceinture et se porte généralement sur une étoffe brodée rouge ou crème unie.
Certains Kuba mesurent jusqu’à 20 pieds de long. D’autres sont des rectangles carrés de 2 pieds. On peut les retrouver suspendus derrière des trônes royaux ou drapés sur des autels. Les Kuba font également office de tapis de couchage.
Tout au long de leur vie, les puissants du royaume Bakuba collectionnent et conservent les tissus Kuba hérités. Ils les arborent alors pour célébrer leur position dans la société et faire valoir leur statut élevé.
Procédé de fabrication du raphia Kuba
La fibre de raphia utilisée dans la production de tissu kuba est tissée uniquement par des hommes sur un métier à tisser à angle de 45 degrés. Il s’agit d’un art qui demande une grande habileté ainsi qu’une grande endurance physique.
Il existe deux principaux types de tissus Kuba en termes de production, tous utilisant du raphia. Le premier, c’est le tissu de tapisserie à poils coupés appelé Shoowa et le second, c’est le tissu tissé en bandes utilisé comme vêtement.
Les hommes des tribus sont chargés de cultiver, de couper, de cueillir et de teindre le tissu. La coloration se fait à l’aide d’indigo, de boue et surtout de substances rouges appelées Twool.
On assouplit la fibre de raphia en la frottant à la main. Elle devient alors plus propice au tissage. Toutefois, le tissu est encore rugueux à sa sortie du métier à tisser. Pour l’assouplir davantage et pour le préparer aux finitions, on le martèle dans un mortier.
Par la suite, les femmes se chargent d’embellir le Kuba. Ce processus fastidieux comprend :
- l’application des décorations telles que les broderies et les cauris ;
- l’application des couleurs contrastées sur le tissu de base pour créer des motifs géométriques abstraits ;
- la confection des vêtements à partir du tissu.
Parmi les vêtements confectionnés, on retrouve des chapeaux, des châles, des ceintures, des jupes de cérémonie et des tissus pour le commerce.
Que présentent les symboles des raphias Kuba ?
Quatre critères déterminent l’unicité et la particularité de chaque Kuba :
- l’époque de sa fabrication ;
- l’usage pour lequel il a été conçu ;
- la disponibilité des matières premières ;
- le niveau de compétence et d’expertise humaine.
Ce sont tous des facteurs qui contribuent à déterminer à quoi une pièce finit par ressembler. Un Kuba particulièrement beau et abouti peut être directement lié à la hiérarchie et au renforcement de l’autorité politique. L’impact spectaculaire de sa conception est essentiel pour cimenter visuellement cette domination.
Les motifs et les couleurs du raphia Kuba
Il existe plus de 200 types de motifs traditionnels qui se transmettent de génération en génération. Un design de base est rarement élaboré à l’avance pour la production des Kubas. En général, le motif se crée à partir de la mémoire et de la répétition.
S’agissant de la coloration, on retrouve deux types de Kubas : ceux qui sont fabriqués à l’aide d’une palette de colorants naturels et végétaux et ceux qui sont conçus à l’aide de colorants synthétiques. Ces derniers sont plus durs, plus audacieux et plus brillants.
Traditionnellement, les artisans créent les teintures à partir de matériaux naturels. Par exemple, le rouge provient du santal ou du bois de came, le jaune s’obtient à partir du soufre. On produit le noir grâce aux sources végétales et à la boue. Enfin, le blanc se fabrique avec du kaolin.
Raphia Kuba, le tissu caméléon qui s’impose dans le monde
En décoration, en art contemporain, dans l’industrie de la mode et même dans l’industrie du divertissement, le raphia Kuba a su s’imposer. Il est aujourd’hui une identité remarquable qui symbolise le savoir-faire africain.
Le Raphia Kuba dans la décoration et la mode
Pour les amateurs de textile, les Kuba font de magnifiques tentures murales ou tissus d’ameublement. En effet, chacun d’eux est unique et apporte un élément de substance et plus d’intérêt à une pièce.
Le Kuba peut servir de jeté de couverture dans une chambre à coucher. Ses couleurs chaudes apportent à la pièce une note d’authenticité.
On peut également utiliser un morceau Kuba comme pièce murale abstraite afin de créer un effet dramatique dans la maison. Il s’agit d’une manière simple et contemporaine de suspendre le textile.
Enfin, le kuba original est particulièrement adapté aux sacs à main. Combinés au cuir, il est à la fois robuste et beau, la texture tapisserie du Shoowa étant particulièrement appropriée.
Le Raphia Kuba dans l’art contemporain et au cinéma
Les textiles Kuba continuent de fournir des points de départ passionnants pour l’art et la culture contemporains. Photographes et artistes se l’arrachent littéralement afin d’ajouter plus d’authenticité à leurs œuvres.
L’industrie du divertissement n’est pas en reste. On retrouve notamment le Kuba dans une production de “Tristan und Isolde” de Wagner. Dans cette pièce, le roi Marc arbore des Kubas dont les motifs celtiques rappellent l’époque médiévale sur laquelle l’opéra est basé.
https://www.contemporary-african-art.com/kuba-cloth.html
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