L’Afrique est un vaste continent qui regorge de nombreuses ressources et de magnifiques paysages. Chaque pays est habité par des milliers de tribus différentes. Toutes, ont leur propre langue, culture, croyances ainsi que leur tradition.
De plus, la tenue varie d’un peuple à l’autre. Les pagnes traditionnels africains ont tous été conçus avec une technique propre au pays producteur. Cette fois-ci, il s’agit du tissu Lépi, pagne traditionnel guinéen.
Qu’est-ce qu’un tissu Lépi ?
Le Lépi, également surnommé “indigo”, est un tissu purement traditionnel. Il est fabriqué depuis des générations en Guinée. D’une matière très légère, Le Lépi est un tissu en coton tissé. Aucun produit chimique n’est ajouté pour sa conception. En clair, c’est un pagne purement biologique, conçu uniquement avec les ressources de la forêt. Sa couleur bleue, provient quant à elle d’une plante végétale.
Un tissu originaire d’une plante
D’origine, le Lépi est une matière extraite des feuilles et des tiges d’un arbuste appelé “indigotier”. C’est cette couleur bleue foncée qui lui confère ce surnom. Le terme indigo vient du latin “indicum”, signifiant “de l’Inde”.
En fait, c’est en Inde que fût importé en premier l’indigo vers l’Europe. Néanmoins, c’est en 2016 lors d’une découverte d’une cotonnade au Pérou, que l’on apprend que cette teinture était déjà utilisée il y a 6000 ans environ.
Même si cette technique est présente sur tous les continents, les peuples d’Afrique de l’Ouest ont su se démarquer par leur savoir-faire. En effet, ils sont parvenus à réaliser de véritables œuvres d’art à partir de simples feuilles.
Le tissu Lépi est imprégné d’une identité et d’une signification. Contrairement aux autres continents, les Africains créent leur pagne manuellement, sans utiliser de machines industrie.
Procédé de fabrication de l’étoffe
Sur le continent, deux plantes indigotières sont très utilisées : l’Indigofera Arrecta et le Lonchocarpus Cyanescens. La première pousse dans des zones sèches et donne un bleu que l’on nomme « bleu des savanes », tandis que l’autre, très répandue en Afrique de l’Ouest, donne un bleu différent surnommé « bleu des forêts ».
Les feuilles récoltées sur ces plantes sont d’abord préparées pour la décoction avant la teinture. Elles sont utilisées fraîches ou séchées, puis sont compactées en boules et pains de pâte. Ces dernières sont ensuite diluées dans de grandes cuves. C’est d’ailleurs dans ces cuves que l’étoffe sera teinte.
Dans le cas d’une couleur à base de feuilles fraîches, on plonge ces dernières dans une cuve d’eau chaude à laquelle on ajoute de la chaux ou des cendres. La mixture va décanter. Les teinturiers rajoutent au fil des jours des ingrédients sucrés comme du miel, des dattes ou de la mélasse. Ces ingrédients vont, par réaction chimique, améliorer la qualité de la teinture.
Le tissu en coton est ensuite plongé dans le mélange. Le temps de trempage varie en fonction de la nuance de bleu souhaitée. Le procédé peut prendre plusieurs semaines. Une fois bien imbibé, le tissu obtient sa couleur bleue au contact de l’air, par une réaction d’oxydation.
Le processus de fabrication de la teinture indigo est généralement similaire pour chaque région. Toutefois, on note des différences entre ethnies et même entre familles d’une même ethnie. Chaque ethnie possède son propre secret de fabrication, permettant de rendre leurs teintures plus subtiles et surtout uniques.
Un procédé différent en Afrique de l’Ouest
En Afrique de l’Ouest, ce sont des cotonnades qui sont principalement teintes, qu’elles soient importées ou tissées localement. Les tissus indigo se démarquent grâce à leurs couleurs ainsi que les différentes nuances de bleu pouvant être obtenues.
Mais la beauté du tissu révèle encore plus de puissance, surtout lorsque ces derniers sont ornés de motifs. C’est ici que l’on comprend la complexité des savoir-faire des artisans africains.
Cire, raphia, coquillage… De nombreuses matières naturelles sont utilisées pour rendre uniques les étoffes. Généralement, les artisans utilisent l’une des 3 grandes techniques de teinture : par nœud, par couture ou encore par réserve de cire.
Les motifs par nœuds consistent à faire des nœuds sur les parties étant réservées. Pour cela, les artisans ligaturent la base du tissu avec un fil de coton ou du raphia. Des poches ainsi créées peuvent être ornées de petits éléments, afin de rendre les motifs plus complexes.
La technique par couture peut révéler des motifs très riches et esthétiques.
Enfin, la dernière technique est la réserve de cire. Elle consiste à dessiner sur l’étoffe des motifs à la cire, grâce à des pochoirs et des tampons. L’artisan peut également dessiner à main levée les motifs qu’il souhaite. Une fois la cire retirée, les motifs apparaîtront.
Tous ces procédés servent à réaliser des étoffes uniques, naturellement dégradées.
Qui sont les grands producteurs ?
La Guinée est le principal producteur du tissu Lépi. On retrouve également ce tissu au Mali, au Burkina Faso, au Niger et au Togo. Encore une fois, rappelons que chaque technique de fabrication du tissu est propre à chaque ethnie, afin de la rendre unique et plus facile à distinguer.
Que représentent les symboles ?
Comme tous les pagnes fabriqués en Afrique, le Lépi possède lui aussi une forte symbolique. Ce magnifique pagne bleu est uniquement utilisé pour des cérémonies sacrées comme le mariage, le couronnement royal ou encore lors de chefferies traditionnelles. Selon la tradition, porter le lépi permet de se protéger des mauvais sorts.
Dans quel domaine retrouve-t-on ce tissu ?
Le tissu Lépi est parvenu à gagner sa place dans l’univers de la mode. Afin de valoriser les tissus africains, le lépi s’exporte de plus en plus dans le monde entier. Aujourd’hui, plusieurs artistes mettent à l’honneur ce tissu pour faire valoir leur création : peintres, stylistes, modélistes, décorateurs, tapissiers… On retrouve également le lépi dans la haute couture.
L’utilisation de ce textile ingigo est multiple. On le retrouve également dans la confection d’accessoires (bijoux, sacs…), mais aussi de nombreux vêtements masculins comme féminins.
Comment est-il porté ?
Le tissu Lépi est généralement porté en boubous et en robes par des femmes, des hommes et enfants. Selon des croyances, l’indigo révèle la beauté de ceux qui l’arborent.
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